L’accès à l’eau potable a toujours été source d’inégalités et de conflits. Il s’agit là d’inégalités alarmantes puisque l’accès à cette ressource est à la fois un enjeu sanitaire, économique et politique. Pour les pays développés, il paraît impensable que l’eau ne soit pas ressource courante et accessible pour tous ; mais alors que nous nous lavons, que nous remplissons nos piscines avec une eau potable, nombreux sont ceux qui n’en disposent pas, même pour boire.
De nos jours, l’or bleu se raréfie encore davantage. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte dans la diminution des ressources naturelles en eau, parmi lesquels on compte notamment le réchauffement climatique ; celui-ci affecte d’abord le remplissage des réservoirs d’eau souterraine. En effet, il le réduit soit directement par la baisse des pluies, soit indirectement par la hausse de la demande – en particulier pour l’irrigation. Le deuxième facteur principal à la diminution de l’eau disponible est l’augmentation démographique de la population terrestre ; déjà à l’origine, les quantités d’eau potable n’étaient pas suffisantes pour satisfaire les besoins primaires de tous les habitants du globe, mais, face à une augmentation constate de la population, les ressources ne s’en trouvent qu’appauvries.
Pour toutes ces raisons, les inégalités de consommation d’eau sont déjà frappantes. On estime qu’un citoyen américain consomme en moyenne 600 litres d’eau par jour, un européen 300 litres d’eau par jour, alors qu’en Afrique subsaharienne, la consommation moyenne est de moins de 30 litres par jour et de moins de 20 litres pour un habitant d’Haiti. A Kaboul, capitale de l’Afghanistan, une famille vit en moyenne avec 10 litres d’eau par jour ; la capitale ne dispose que d’un seul circuit de distribution d’eau ne pouvant approvisionner que 18% de la population. Ces différences de consommation viennent du fait que, dans les pays développés, les infrastructures sont très performantes et que la majeure partie de l’eau dont dispose les ménages est utilisée pour faire fonctionner les douches et les W.C, arroser les jardins privatifs, remplir les piscines. On remarque, en effet, qu’une hausse du niveau de vie s’accompagne d’une hausse de la consommation d’eau.
En ce sens, en mai 2016, la Banque mondiale, dans un rapport spécial sur le réchauffement climatique, avait averti que « près de 1,6 milliard de personnes – presque un quart de l’humanité – vit dans des pays ayant une rareté physique en eau. Et d’ici à vingt ans, ce chiffre pourrait doubler ». Les estimations suggèrent qu’avant trente ans le système global alimentaire nécessitera entre 40 % et 50 % d’eau supplémentaire. La demande d’eau par les municipalités et l’industrie va augmenter de 50 à 70 %, celle du secteur de l’énergie de 85 %.
Nombre de chercheurs constatent que même si peu de conflits armésse sont actuellement déclenchés sur les litiges liés à l’accès à l’eau, ces dernières pourraient se multiplier dans un avenir plus ou moins proche du fait de changements climatiques profonds et d’une augmentation démographique sans précédent. Le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) explique d’ailleurs qu’ « avoir accès à l’eau est devenu un enjeu économique puissant à l’échelle planétaire, qui pourrait devenir, dans le siècle à venir, l’une des premières causes de tensions internationales ».Réchauffement climatique, démographie galopante, urbanisation et industrialisation croissante, le cocktail s’annonce explosif ; certains experts vont jusqu’à prédire, qu’au XXI° siècle, l’ « or bleu » remplacera l’ « or noir » dans les conflits entre nations.