Sixième rapport d’évaluation : les conclusions du GIEC plus que jamais déterminantes

La publication du sixième rapport du GIEC en août 2021 a fait l’effet d’une bombe tant dans la sphère médiatique que du côté des acteurs non-gouvernementaux qui attendaient avec impatience les conclusions qui orienteront leurs actions ces prochaines années. Cette compilation des derniers travaux scientifiques sur le climat promettait de l’urgence et un appel à l’action. Elle n’aura pas déçu. Dès le préambule, les experts du GIEC plantent tout de suite le décor : « l’ampleur des changements récents observée sur le système climatique est sans précédent depuis des siècles voire, parfois, des millénaires ». En décortiquant les cinq points essentiels de ce sixième rapport, nous revenons sur une organisation onusienne ambitieuse et déterminante dans la lutte contre le réchauffement climatique.

UNE ORGANISATION INTERGOUVERNEMENTALE SUR L’ÉVOLUTION DU CLIMAT

Première réunion du GIEC en 1988

Le GIEC, ou Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat, est le principal organe chargé d’évaluer le changement climatique à l’échelle globale. Sa création intervient dans un contexte marqué, dans les années 1970-1980, par une prise de conscience de ce qu’est et représente le réchauffement climatique. On essaye d’illustrer le lien entre climat et effet de serre et on se rend alors compte que les gaz à effets de serre ont bel et bien joué un rôle dans les climats du passé.

Il est important de rappeler que l’effet de serre est un phénomène naturel, bénéfique pour notre planète et la vie qu’elle abrite, puisqu’il permet de piéger une partie du rayonnement solaire dans notre atmosphère. On note d’ailleurs que la vapeur d’eau en suspension est le premier composant qui permet ce phénomène.Or, ce qui devient préoccupant à partir de cette période, ce n’est pas la présence de gaz à effets de serre dans l’atmosphère mais son importante augmentation. Les gaz comme le CO2 et le méthane sont des amplificateurs de l’effet de serre en ce qu’ils permettent de piéger plus d’énergie solaire dans notre atmosphère. Ce cumul conduit alors au réchauffement climatique que l’on connaît.

À cette époque, des prévisions quant à l’augmentation des températures globales avaient d’ailleurs déjà été réalisées en mesurant le taux de CO2 piégé dans la glace des pôles et des massifs montagneux. Ces prévisions annonçaient alors une hausse des températures comprise entre 1.5 et 4°C d’ici 2100.

C’est donc dans ce contexte qu’a été fondé le GIEC, en 1988, à l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dans le but faire état des connaissances scientifiques globales en matière de changement climatique et de dresser un diagnostic clair quant à ses effets sur l’environnement, les sociétés et les économies. Le programme a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies la même année.

Le GIEC est ouvert à l’ensemble des acteurs scientifiques provenant des 195 pays membres de l’ONU. Ils sont donc des milliers à travers le monde à se porter volontaires à titre d’auteurs, de collaborateurs ou d’examinateurs pour élaborer les différents rapports. Ils se réunissent environ une fois par an lors de séances plénières dans lesquelles chaque gouvernement est représenté. Le groupe est présidé depuis 2015 par Hoesung Lee, enseignant d’économie du changement climatique à l’École supérieure de l’énergie et de l’environnement de l’Université de Corée.

DES RAPPORTS DÉTAILLÉS ET FIABLES

Leur rôle : examiner et évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques internationales

Ce groupe d’experts a pour rôle d’examiner et d’évaluer les données scientifiques, techniques et socio-économiques internationales qui permettent de saisir pleinement la question du changement climatique.

Il ne mène donc en aucun cas un travail de recherche et ne suit pas les données climatologiques. Le GIEC n’a pas vocation à faire des recommandations politiques ou d’élaborer des politiques publiques. Les rapports détaillés qu’il publie peuvent en revanche servir de base scientifique aux décideurs politiques au moment de mettre en place des mesures de lutte contre le réchauffement climatique.

Pour mener à bien leurs travaux et recompiler au mieux les données, les experts se divisent en trois groupes de travail qui rédigent chacun une partie du rapport d’évaluation. Le premier groupe met en avant les éléments scientifiques, le deuxième les conséquences et l’adaptation à la problématique, et le troisième l’atténuation et les mesures. Les rapports complets comprennent donc ces rapports d’évaluation mais aussi des rapports spéciaux et des rapports techniques. Le GIEC a déjà publié 5 rapports complets : en 1990, en 1995, en 2001, en 2007, et en 2013/2014.

Les experts élaborent ensemble plusieurs scénarios par une méthode de modélisation afin de prévoir les variations climatiques futures. Comme gage de sa crédibilité, nous pouvons prendre les conclusions des rapports précédents, qui grâce à cette méthode, se sont révélées tout à fait exactes.

De plus, son processus de révision permet aux États de mettre en avant certains aspects du rapport sans pouvoir en changer le fond, ce qui garantit la véracité et l’exactitude des informations publiées. Ainsi, les rapports sont ensuite adoptés par l’ensemble de la communauté internationale et servent de base aux résolutions adoptées lors des conventions pour le climat.

Les rapports du GIEC sont le fruit d’une expertise collective nourrie par les débats scientifiques

SIXIÈME RAPPORT : CONCLUSIONS

Le sixième rapport, toujours en cours d’écriture, se composera d’un rapport d’évaluation en trois parties (comprenant le travail des trois groupes d’experts), de trois rapports spéciaux et d’un rapport méthodologique concernant les inventaires nationaux de gaz à effet de serre. Les rapports spéciaux traiteront du réchauffement planétaire, du changement climatique et des terres émergées, et de l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique.

La première partie du sixième rapport d’évaluation a été publiée en août 2021 (les suivantes devraient être finalisées en février et mars 2022, et le rapport de synthèse, complet et après révision, fin prêt pour 2023). Les éléments scientifiques présentés dans cette première partie ne laissent que peu de place à l’optimisme : il s’agit d’un état des lieux plus alarmant encore que les précédents. Revenons sur ses cinq points essentiels.

CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA PREMIÈRE PARTIE

I . L’activité humaine est entièrement responsable du changement climatique

Lors d’une conférence donnée en septembre 2021, Jean Jouzel, vice-président du GIEC entre 2002 et 2015, fait remarquer que les précédents rapports marquent une évolution sur cette question, qui conduit à la conclusion tant redoutée que l’activité humaine est bel et bien entièrement responsable du changement climatique. Ce qui n’était évoqué que comme une éventualité dès le premier rapport, en 1990, est désormais une réalité que les experts ont démontrée grâce à de nouveaux indicateurs et de nouvelles études, plus approfondies et plus précises.

Ils ont notamment pu prouver les liens entre émissions de gaz et activités humaines, mais aussi entre augmentation des gaz à effets de serre, dérèglement climatique et phénomènes météorologiques extrêmes, en particulier à l’échelle régionale. “On sait désormais avec certitude que c’est le changement climatique, et donc indirectement l’activité humaine, qui a produit la vague de chaleur qui a touché la Sibérie en 2020 ou la sécheresse qui a conduit aux gigantesques incendies de l’été 2021 en Méditerranée” commente Jean Jouzel.

Ainsi, si le cinquième et dernier rapport, datant de 2014, parlait d’une “influence claire”, dans le sixième, les experts affirment que “les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis environ 1750 sont, sans équivoque, causées par les activités humaines”.

Pour preuve, les experts du GIEC mettent en avant les taux de concentration atmosphérique de CO2 et de méthane, les principaux gaz à effet de serre, relevés en 2019 et enregistrés comme les plus élevées depuis plusieurs milliers d’années. Le rapport évoque également une série de phénomènes comme l’augmentation des précipitations moyennes mondiales sur les terres émergées, le recul des glaciers, la diminution de la superficie de la banquise, le taux de salinité des océans comme des conséquences indirectes “très probables” de l’activité humaine.

II . Les points de basculement vers des conséquences irréversibles risquent d‘être atteints dans les prochaines décennies

Les points de basculement sont des seuils au-delà desquels un système subit des modifications irréversibles, ce qui peut entraîner des réactions en chaîne. Dans leur troisième rapport, il y a 20 ans, le GIEC mentionnait déjà l’existence de ces régulateurs du climat dans la nature qui, une fois endommagés, entraîneraient une série de phénomènes incontrôlables. Dans le sixième rapport, les experts reviennent sur leurs observations de l’époque : « les discontinuités à grande échelle dans le système climatique n’étaient considérées comme probables que si le réchauffement climatique dépassait les 5°C au-dessus des niveaux préindustriels […]. Les informations résumées dans les deux derniers rapports spéciaux (publiés en 2018 et en septembre de cette année) suggèrent que les points de basculement pourraient être dépassés même entre 1 et 2 °C de réchauffement« .

Dans leur dernière publication, le GIEC est on ne peut plus clair : notre atmosphère a déjà atteint les 1,1°C de réchauffement depuis la période préindustrielle et les conséquences du déclenchement des points de basculement devraient commencer à être ressenties dans les prochaines années, si ce n’est pas déjà le cas. Les experts du GIEC ont d’ores et déjà établi une liste des quatre points de basculement principaux qui conduiraient à des phénomènes naturels extrêmes dans les prochaines années : la disparition de la cryosphère, le ralentissement du Gulf Stream, la mort des récifs coralliens, la dégradation de l’Amazonie.

LA FONTE DES CALOTTES GLACIAIRES ET LA DISPARITION DU PERGÉLISOL

On considère que la cryosphère terrestre concentre les trois quarts de l’eau douce présente sur la planète. Dans son dernier rapport spécial, le GIEC indique que sa disparition ou, en tout cas, sa fonte entraînerait une dilution du niveau de salinité des océans et une élévation de leur niveau, modifiant considérablement les courants marins (tel le Gulf Stream).

LE RALENTISSEMENT DU GULF STREAM

D’après plusieurs études, le courant océanique serait à son plus faible niveau depuis 1 600 ans. Ce courant étant essentiel à la répartition de l’énergie solaire à la surface du globe, s’il venait à ralentir davantage, voire à disparaître, les températures terrestres en seraient grandement affectées. En outre, il permet à de nombreuses espèces marines de se déplacer vers leurs zones de nidification. L’altération de ce courant aurait donc des conséquences dramatiques sur la biodiversité.

LA MORT DES RÉCIFS CORALLIENS

Longeant plus de 145 000 kilomètres de côtes, ils protègent plus de 100 pays de l’érosion, des tempêtes tropicales et de la montée des eaux. Ils abritent aussi plus du quart de la vie marine, ce qui en fait l’écosystème le plus riche au monde en termes de biodiversité. Leur disparition combinée à la montée des eaux due à la fonte des glaces mettrait alors en péril la vie de millions de personnes mais aussi de millions d’espèces animales et végétales. Les îles que nous connaissons et la plupart des villes côtières à travers le monde seraient alors submergées ou détruites par les tempêtes.

Corail blanc

LA DÉGRADATION DE LA FORÊT AMAZONIENNE

L’Amazonie joue un rôle important dans le cycle de l’eau et les systèmes météorologiques de la planète. Les plantes qui la composent recyclent l’eau de pluie en la pompant dans le sol et évacuent le surplus par évapotranspiration. Ceci permet de redistribuer de l’humidité dans l’atmosphère et de maintenir le taux de précipitations à l’échelle globale. Seulement, à partir d’un certain seuil de dégradation ou de disparition, c’est tout le processus qui se trouve affecté et le climat change. La déforestation entraîne un assèchement de l’air et des sols, faisant de la jungle humide une savane aride.

(FILES) This file picture taken on August 24, 2019 shows an aerial view of burnt areas of the Amazon rainforest, near Porto Velho, Rondonia State, Brazil.  Deforestation in the Brazilian Amazon reached 1,358 km2 in August 2020, a decrease of 21% compared to the same month of 2019, but the deforested area is already much higher than that of the whole of 2018. / AFP / Carlos FABAL

III . Le réchauffement climatique s’accélère plus rapidement que prévu

Dans un rapport spécial datant de 2018, le groupe d’expert annonçait qu’un réchauffement de l’atmosphère globale à +1,5°C (par rapport à la période pré-industrielle) devait être atteint entre 2030 et 2052 si aucune mesure n’était mise en place pour contenir les émissions de gaz à effet de serre. Dans le dernier rapport, c’est l’un des éléments à retenir, ce niveau de réchauffement sera atteint dès le début des années 2030 si nous gardons notre trajectoire actuelle.

Pour arriver à cette conclusion, le groupe a élaboré cinq différentes modélisations basées sur la littérature. Avec le premier scénario, le plus optimiste, les +1,6°C seraient atteints avant le milieu du siècle, et ce dans le cas très peu probable où nos émissions de carbone seraient immédiatement stoppées. Or, dans le troisième et quatrième scénarios, ceux qui prennent le plus en compte l’adaptation de nos économies à la transition écologique, nous nous dirigeons vers une hausse à 1,5°C d’ici 2030 et donc 2 voire 3 degrés d’ici 2050. On prévoit donc d’atteindre l’objectif fixé par les accords de Paris avec 10 ans d’avance, une accélération préoccupante qui marque l’échec de la COP 21 de 2015.

Le GIEC précise dans la première partie de son sixième rapport que la température globale “a augmenté plus rapidement depuis 1970 qu’au cours de toute autre période de 50 ans sur les 2 000 dernières années”. Autrement dit, nous n’avons jamais autant émis de carbone qu’à notre époque. Les experts continuent : “Chacune des quatre dernières décennies a été successivement la plus chaude enregistrée depuis 1850”. Et les conséquences de ce réchauffement climatique global se font déjà ressentir :

La température globale “a augmenté plus rapidement depuis 1970 qu’au cours de toute autre période de 50 ans sur les 2 000 dernières années [...]Chacune des quatre dernières décennies a été successivement la plus chaude enregistrée depuis 1850”.

  • L’océan fournit 50% de l’oxygène atmosphérique et permet de réguler le climat en captant le CO2 et en absorbant la chaleur liée aux émissions. Or, ces dernières décennies ayant enregistré plus d’émissions que jamais auparavant, on remarque que le réchauffement de l’océan a plus que doublé depuis 1993. Ce réchauffement cause alors des dégradations du les écosystèmes marins, côtiers et polaires, ce qui a pour effet d’altérer les cycles de vie de la faune et de la flore situées dans ces zones. Cela a aussi un impact sur la fréquence et l’intensité des précipitations, et donc la récurrence des inondations. Pour preuve : les pays nord européens sous l’eau durant l’été 2021. Les inondations en Allemagne, en Belgique et dans le nord de la France ont emporté avec elles des dizaines de vies et ont ravagé de nombreux hectares de terrains agricoles.
  • D’après le GIEC, la montée du niveau de la mer, autre conséquence de l’accélération du réchauffement climatique, est deux fois plus rapide aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Celle-ci pourrait même être 5 fois plus importante selon le pire des scénarios du dernier rapport, qui parle d’une augmentation de 15 mm par an et d’ici 2050. Ce phénomène a et aura un impact important sur les populations côtières et des îles : ce sont plus d’1 milliard de personnes pourraient être affectées par l’érosion. Cette montée des eaux a et aura aussi pour conséquences de placer les populations en situation d’insécurité alimentaire, du fait de la perte de terres agricoles, et de stress hydrique. Les ressources halieutiques, qui représentent une activité économique majeure et un moyen de subsistance essentiel pour bon nombre de communautés vont elles aussi drastiquement diminuer.

Enfin, la fonte des glaciers, notamment en Europe centrale, au Caucase, au nord de l’Asie ou en Scandinavie, se voient déjà largement impactés par le réchauffement climatique. Le GIEC prévoit d’ores et déjà un déclin de ces glaciers d’environ 80% d’ici 2100. Les conséquences du réchauffement se font également sentir sur le permafrost, qui pourrait perdre de 30 à 99% de sa surface actuelle d’ici le milieu du siècle. Sa disparition libérerait alors des dizaines de milliards de tonnes de carbone et de méthane, ajoutant de la difficulté à la lutte contre les émissions.

IV. L’objectif des +1.5°C ne sera pas rempli et chaque dixième de température gagné aura un impact

Dans leur dernière publication, les experts du GIEC estiment qu’en l’état actuel, nous avons 80% de probabilité de dépasser les +2°C d’ici 2050. Le seuil des +1,1°C par rapport à la période pré-industrielle vient d’être atteint et d’après les prévisions, l’objectif des accords de Paris (2015), fixé pour 2050, sera finalement atteint dans la prochaine décennie, peu importe les mesures qui sont mises en place, même les plus audacieuses, même les plus radicales.

Le GIEC met l’accent sur l’impact que produirait une augmentation de température, même au dixième près. Il alerte sur le fait que chaque dixième de degré représente une probabilité plus grande d’occurrence d’une catastrophe naturelle, ou, en tout cas, de phénomènes météorologiques extrêmes et inédits. Grâce à sa méthode de modélisation et ses 5 scénarios, le GIEC va même plus loin en montrant du doigt le fait que chaque dixième de degré multipliera la fréquence de ces phénomènes par 5 ou par 10.

chaque dixième de degré représente une probabilité plus grande d’occurrence d’une catastrophe naturelle, ou, en tout cas, de phénomènes météorologiques extrêmes et inédits.

Le rapport indique ainsi qu’“à +2°C de réchauffement climatique, les chaleurs extrêmes atteindraient plus souvent le seuil de tolérance critique pour l’agriculture et la santé”. Concrètement, on passe de la multiplication des départs de feu naturels à une situation dans laquelle rien ne résiste aux flammes, on passe d’épisodes de sécheresses à des canicules transformant les paysages agricoles en déserts, on passe de l’érosion des côtes à la submersion des îles, de simples précipitations à d’importantes inondations. Et d’après le rapport, ce changement n’est qu’une question de température !

V. L’inaction ne fait qu’accroître les risques de catastrophes

Le plus frappant dans ce sixième rapport, c’est qu’il rappelle étonnamment celui de 1995, paru 26 ans plus tôt. D’après Jean Jouzel, “il aurait fallu accorder une crédibilité à la parole des scientifiques il y a 30 ans […] Dans les textes, tout paraît parfait parce qu’ils se basent sur les rapports du GIEC, mais les conclusions ne se traduisent pas dans les chiffres”. Il regrette le manque d’action politique et pointe du doigt plusieurs raisons à l’inaction :

– La “pédagogie de la catastrophe annoncée” d’abord : une méthode de sensibilisation qui joue beaucoup sur l’hyperbole et qui a plus pour effet de décourager que d’encourager à la transition écologique selon lui.

– “La situation de contradiction géopolitique dans laquelle se trouvent les pays en développement” ensuite, qui doivent choisir entre rattrapage économique et conséquences écologiques.

Quoiqu’il en soit, l’inaction a et aura des conséquences graves sur l’ensemble de la planète : le GIEC affirme qu’aucune région du monde ne sera épargnée par les phénomènes climatiques extrêmes dus au réchauffement climatique.

UNE LUEUR D’ESPOIR AVEC LA COP 26

Suite à la récente publication du GIEC, cette nouvelle Conférence Internationale sur le climat, organisée par les Nations Unies à Glasgow (Écosse) entre le 31 octobre et le 12 novembre 2021, est attendue de pied ferme. Pour le Président de l’événement, Alok Sharma, secrétaire d’État aux affaires, à l’énergie et à la stratégie industrielle pour le Royaume-Uni, elle représente un “dernier espoir” de contenir le réchauffement climatique au-dessous des 1,5°C, seuil au-delà duquel les experts estiment que la situation deviendra incontrôlable.

Pour Jean Jouzel, tout l’enjeu de cet événement sera de remonter l’ambition de la COP de Paris. “Pour se maintenir à l’objectif 1,5°C de cette précédente COP, il faudrait aujourd’hui multiplier par 5 le niveau d’engagement…l’ambition de l’époque n’était pas suffisante. Ce qui est clair, c’est que les travaux du GIEC ou les conventions pour le climat ne sauraient faire une différence sans initiatives politiques à la hauteur. On connaît les causes du réchauffement climatique et on en connaît les solutions : des changements radicaux !” commente-t-il. Il espère des mesures fortes qui permettent de diminuer les émissions de 8% par an jusqu’en 2030, la seule mesure capable, d’après l’ONU, d’éviter le déclenchement des points de basculement. Ces 8% équivaudraient à une quantité d’émissions économisées aussi importante que lors de la pandémie, durant laquelle plusieurs économies s’étaient retrouvées en gel d’activité, confinement oblige.

Une autre mesure qui pourrait permettre d’arriver à maintenir les objectifs de la COP de Paris a longuement été débattue lors du Congrès International pour la Conservation de la Nature, organisé à Marseille entre le 3 et le 11 septembre 2021. Il s’agit de l’objectif de neutralité carbone pour 2050, un projet ambitieux que plusieurs députés européens entendent soumettre à la Commission dans les prochaines semaines. En adoptant cette mesure, l’Union pourrait bien s’imposer en leader de la transition pour le climat au niveau international et accélérerait ainsi la mise en place de mesures dans ses pays membres, dont le bilan reste plus que mitigé pour l’instant.

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