COP 26 : les Conventions Climat dans l’impasse

2021 aura été une année prolifique en matière de conférences internationales sur le climat. Que ce soit au travers de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, du G20 ou d’une nouvelle Conférence des Parties, la crise environnementale aura au moins réussi à mobiliser et à mettre le sujet à l’agenda politique et médiatique. Dans ce dossier, nous revenons sur les temps forts de cette année et nous analysons la dernière COP en date. Échec ou avancée ? Un modèle durable remplacera-t-il  notre modèle fossile avant la fin du siècle ? Rien n’est moins sûr.

HISTOIRE DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE SUR L'ENVIRONNEMENT

La lutte politique contre le réchauffement climatique et pour la préservation de l’environnement ne date pas d’hier. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, des organisations spécialisées voient le jour, comme l’Organisation Météorologique Mondiale (1950), et des organismes internationaux reconnus se saisissent de la problématique pour l’ériger en préoccupation politique à l’échelle globale. Parmi les plus influents organismes politiques se trouve bien évidemment l’ONU, au travers duquel une série de conférences environnementales ont été organisées. Sommets de la Terre ou COP, elles ont marqué l’histoire de l’écologie et continuent de structurer l’agenda politique international.

Qu'est-ce qu'une COP ?

 

Les Conférences des Parties (Conferences of the Parties), sont des rassemblements annuels institués par l’ONU en 1994. Elles sont créées suite à la signature de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992, dans un contexte de multiplication des Sommets de la Terre et de publications scientifiques mettant peu à peu l’environnement et le climat au cœur des enjeux politiques internationaux.

Cette convention a été ratifiée par 196 États (+ l’Union européenne), qui acceptent donc de se réunir chaque année pour négocier de nouveaux objectifs, communs ou individuels. À ces acteurs s’ajoutent d’autres “parties” comme des représentants des collectivités territoriales, des acteurs non-étatiques issus de la société civile et des membres de la communauté scientifique. Les COP visent donc à mettre en place de nouveaux engagements mais aussi à renforcer et à évaluer le respect des engagements précédemment établis.

  • 1972

    Conférence de Stockholm

     

    Cette première édition des Sommets de la Terre marque le début des négociations sur la question environnementale au niveau international. Sous l’égide de l’ONU, cette rencontre fait de l’écologie une préoccupation politique officielle et donne naissance à un plan de lutte contre la pollution ainsi qu’au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), qui deviendra un outil de pilotage très important pour la mise en place des politiques écologiques mondiales.

  • 1979

    Conférence de Genève

     

    C’est celle qui donne le ton. Organisée par le PNUE et l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), cette conférence fait du changement climatique un problème grave qui concerne l’ensemble de la planète. C’est le début d’une prise de conscience collective sur cette question.

  • 1988

    Conférence de Toronto et création du GIEC

     

    Cette conférence est le premier appel à la prise de mesures concrètes pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Les études scientifiques menées par les différents groupes de travail de l’ONU ont réussi à établir un lien entre la concentration de CO2 dans l’atmosphère, le changement climatique et la dégradation des espaces naturels, et appuient les dynamiques politiques autour de la question. Parallèlement, l’OMM et le PNUE créent le GIEC, un Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, chargé de fournir une analyse objective des connaissances scientifiques mondiales aux décideurs politiques.

  • 1992

    Sommet de Rio

     

    20 ans après la première conférence sur l’environnement humain tenue à Stockholm en 1972, une troisième édition du Sommet de la Terre est organisée à Rio. Cette conférence globale marquera l’histoire de la lutte écologique puisqu’elle réunit pour la première fois les dirigeants, diplomates, activistes et scientifiques de 179 pays autour de la question du réchauffement climatique et engage les premières discussions et la mise en place de premiers objectifs, faisant reconnaître internationalement l’impact des activités humaines sur l’environnement et le climat terrestre.

  • 1995

    COP1 à Berlin

     

    Sous l’influence des premières publications du GIEC dans les années 1990, les Nations Unies instaurent un rendez-vous annuel sur la question du climat : les Conférences des Parties. C’est donc en 1995, au lendemain de la réunification allemande que Berlin accueille le tout premier sommet pour le climat, durant lequel on parlera de futurs actes juridiques contraignants quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

  • 1997

    COP3 à Kyoto

     

    Deux ans après la première COP, la conférence de parties de Kyoto permet de mettre en place un protocole contraignant fixant pour objectif une réduction moyenne de 5,2 % entre 2008 et 2012 des émissions de gaz à effet de serre, par rapport à celles de 1990, pour 38 pays industrialisés. Entré en vigueur en 2005 suite à la ratification de la Russie, ce protocole marque le début des actes contraignants en matière de climat.

  • 2009

    COP15 à Copenhague

     

    Le protocole de Kyoto prenant fin en 2012, la COP15 avait pour but de négocier un nouvel accord contraignant au niveau international, permettant de poursuivre les efforts menées les années précédentes. Cependant, la quinzième conférence des parties ne donnera lieu qu’à un faible accord non ratifié et vague, signant le premier échec des négociations sur la question climatique.

  • 2015

    COP21 à Paris

     

    Donnant lieu à un engagement officiel à contenir le réchauffement climatique bien en dessous de +2°C de réchauffement global par rapport à la période préindustrielle (1750-1850, période marquée par la première révolution industrielle occidentale), cette COP est qualifiée d’historique et fait figure de référence en matière de négociations internationales. En effet, les accords de Paris, signés en 2015 par 191 pays (+union européenne), ont permis de graver dans le marbre un objectif clair, contraignant et ambitieux, pour lequel même les plus gros émetteurs de gaz à effets de serre se sont engagés (Chine, USA, Russie).

Sommet de Rio, 1992
COP3 de Kyoto, 1997
COP21 à Paris, 2015

Si ces conférences pour le climat organisées par l’ONU font figure d’autorité sur la question climatique au niveau international, d’autres organisations se sont saisies de ces enjeux au fil du temps, et organisent elles aussi leurs propres conférences, donnant lieu à une prolifération d’actes non-contraignants en matière de climat. Cette année, en plus de la COP26 de Glasgow, deux autres grands rassemblements ont permit de réunir la communauté internationale autour de la problématique environnementale : le Congrès International pour la nature, organisé par l’UICN à Marseille, et le sommet annuel du G20, organisé par l’Italie à Rome.

L'UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE (UICN)

Qu'est-ce que l'UICN ?

 

Création :

 

L’Union Internationale pour la Préservation de la Nature (UIPN) naît le 5 octobre 1948 en France. Il s’agit à l’époque de la première organisation entièrement dédiée à la question environnementale au niveau global. Celle-ci prend ensuite le nom de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en 1956, et devient l’organisme international que nous connaissons aujourd’hui.

 

Rôle :

 

Dès le début de son existence, l’UICN a pour but d’oeuvrer pour “un monde équitable qui comprend la valeur de la nature et la préserve”.

Ses missions visent à “Influencer, encourager et aider les sociétés à conserver l’intégrité et la diversité de la nature et assurer que les ressources naturelles soient utilisées d’une manière équitable et durable”. Son Directeur Général, Bruno Oberle, décrit l’organisation en ces termes : « L’UICN, Union internationale pour la conservation de la nature aide le monde à trouver des solutions pragmatiques aux défis de l’environnement et du développement les plus pressants. Elle appuie la recherche scientifique, gère des projets sur le terrain partout dans le monde et rassemble les gouvernements, les organisations non-gouvernementales, les agences des Nations Unies, les entreprises et les communautés locales pour, ensemble, développer et mettre en œuvre des politiques, des lois et de meilleures pratiques. ».

 

Fonctionnement :

 

Pour ce faire, l’UICN s’organise en union démocratique rassemblant experts, organisations et États dans un effort de conservation de la nature et de transition vers un développement plus durable. L’Union se divise en six Commissions, composées de plus de dix mille experts qui nourrissent ses recherches, et son secrétariat est organisé en 11 régions opérationnelles permettant d’ancrer localement les connaissances acquises et de mieux servir les besoins de ses membres.

La véritable force de cet organisme est avant tout la diversité de ces derniers : l’UICN permet d’engager des discussions et donne une importance égale au vote d’associations, de chefs d’États, de membres de la société civile, de chefs religieux, de représentants autochtones, lors de ses congrès.

Ceux-ci sont organisés tous les quatre ans et permettent de fixer les priorités de conservation mondiales pour les années suivantes.

L’UICN fait désormais autorité sur la scène internationale quant aux problématiques environnementales, à la gestion des ressources et à la préservation des trésors naturels mondiaux.

Organisme environnemental de premier plan, l’UICN s’engage en particulier sur la question de la préservation de la biodiversité terrestre et marine, et relie ses thématiques de recherche à la problématique du réchauffement climatique, un facteur accélérant la disparition des espèces.

 

Le congrès de Marseille :

 

En Septembre 2021, Pompiers Sans Frontières a eu l’opportunité de participer au Congrès International de la nature de l’UICN, organisé à Marseille, à deux pas du parc national des Calanques. Ce congrès de grande envergure réunissait les représentants politiques, économiques, civils, ethniques et religieux de l’ensemble des pays membres et avait pour thématique principale l’érosion de la biodiversité.

Des suites des échanges, travaux et votations de cette semaine de conférences, est né le Manifeste de Marseille, dans lequel sont explicités l’ensemble des objectifs majeurs à atteindre dans les années suivantes. Les principales résolutions à retenir de ce Manifeste sont :

– Contrer les impacts de la pandémie de COVID-19 ;

– Mettre fin à la perte de biodiversité en s’engageant en faveur d’un cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 qui soit transformateur, efficace et ambitieux ;

– Faire face aux risques et impacts de l’urgence climatique.

 

Les engagements pris :

 

L’objectif principal qui a été fixé lors de cette conférence est celui d’atteindre les 30% d’aires protégées au niveau national pour tous les pays signataires d’ici 2022, et d’arriver à protéger fortement 5% de la superficie totale de la Méditerranée d’ici 2027, soit une zone 25 fois plus étendue qu’actuellement.

En outre, l’UICN s’engage à organiser, en collaboration avec l’ONU, un Sommet sur les océans pour encourager à la participation dans l’effort de protection des espaces maritimes.

Le Président français a particulièrement tenu à s’engager auprès de ses homologues européens dans la lutte contre la déforestation importée et dans la préservation des forêts tropicales humides et des forêts primaires, en se donnant pour objectif de bannir tout produit importé issu de l’exploitation néfaste de ces espaces naturels. Les représentants français sont également signataires d’un traité contre la pollution plastique.

Enfin, l’ensemble des membres de l’UICN souhaite intégrer les risques financiers liés à la perte de biodiversité à l’analyse économique et financière des pays touchés, et favoriser les investissements en faveur de la transition écologique dans tous les secteurs économiques dans le but, justement, d’endiguer l’érosion de la diversité biologique.

LE G20

Les 30 et 31 octobre 2021, s’est tenu à Rome, sous la présidence italienne, le sommet annuel du G20, réunissant les dirigeants des 20 pays les plus influents en matière économique.

Le thème principal de ce rassemblement ? La reprise post-pandémique bien sûr, mais aussi les inégalités de cette reprise en fonction de la situation sanitaire et du niveau de développement de chaque territoire.

Ce thème a été extrêmement présent tout au long des débats de ces deux jours et a (presque) éclipsé celui de la crise climatique et de la mise en œuvre des mesures précédemment établies lors des différentes conférences pour le climat.

 

Résolutions concernant la question climatique :

 

Lors de ce nouveau sommet du G20, les dirigeants ont convenu de maintenir leurs engagements de la COP de Paris, qui fixait pour objectif maximum +2°C de réchauffement planétaire par rapport au niveau préindustriel d’ici 2100, et se sont même donnés pour but d’accélérer leurs actions en matière de climat afin d’arriver à la fin du siècle à un taux d’émission de gaz à effet de serre nul (la neutralité carbone). Pour ce faire, l’ensemble des Etats membres souhaite prendre de nouvelles mesures au cours de cette décennie, mesures visant à améliorer leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), c’est-à-dire leurs plans nationaux non-contraignants permettant d’enrayer le phénomène du changement climatique.

De plus, les pays développés membres du G20 ont réaffirmé leur volonté de financer des mesures de lutte contre le réchauffement climatique, en mettant en place une enveloppe de 100 milliards de dollars par an destinée à la transition écologique des pays industrialisés en développement.

A l’issue de la rencontre, la déclaration de Rome a été signée par l’ensemble des pays présents lors des négociations, avec en tête la COP 26, débutant à Glasgow immédiatement après la clôture du G20. Les participants au G20 s’étaient d’ailleurs confiés sur les nombreux espoirs qu’ils plaçaient dans cette nouvelle conférence des parties.

Un organisme décrié :

 

Le G20 est très souvent critiqué pour son caractère normatif non-contraignant : en effet, toutes ses résolutions, conclusions ou mesures n’ont aucune valeur juridique ou caractère obligatoire d’un point de vue du droit. En revanche, ses engagements ont une valeur morale, symbolique et politique censée être suffisamment importante pour pousser les pays membres à engager des actions concrètes.

Malgré cette caractéristique, le G20 permet tout de même certaines avancées. Par exemple lors de la crise des Subprimes en 2008, lorsqu’il a permis la régulation des marchés financiers. Il permet également de lutter contre les paradis fiscaux et d’avoir une meilleure maîtrise des dettes et déficits publics des différents États membres. À ce jour, le G20 est le seul organisme de cette envergure à intervenir sur ces questions au niveau international.

Qu'est-ce que le G20 ?

 

Sa création et son rôle :

 

Le groupe G20 a été créé en 1999 à Washington à la suite des différentes crises financières qui ont secoué les années 1990. Il s’agit d’un outil de pilotage économique mondial qui permet d’adapter la gestion de l’économie à un contexte de mondialisation et de transformation des échanges.

Il regroupe les 7 pays industrialisés membres du G7 (France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, États-Unis, Canada, Japon), les 5 pays émergents BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud), ainsi que l’Australie, l’Argentine, l’Arabie Saoudite, la Corée du sud, l’Indonésie, le Mexique et la Turquie. À cette assemblée s’ajoute le pays assurant la présidence tournante de la Commission européenne. En plus de ceux-là, 5 pays invités peuvent se joindre aux discussions, dont l’Espagne notamment, qui occupe le statut de “pays invité permanent”.

Une fois par an, le G20 réunit donc les représentants, chefs d’État, ministres des finances et gouverneurs des banques centrales de ses pays membres dans le but de faciliter la concertation internationale et de trouver des solutions aux crises économiques mondiales et régionales. Ils représentent ensemble au total environ 85% du commerce mondial et plus de 90% des richesses produites dans le monde. Son poids est donc conséquent et ses mesures souvent très attendues.

 

Son fonctionnement :

 

Ce groupement est la principale organisation de coopération économique et financière internationale. Ses rôles principaux sont :

faire état du contexte économique global et établir une stratégie en vue d’une croissance économique mondiale durable ;
coordonner cette stratégie auprès des autres organisations économiques internationales telles que le FMI ou la Banque Mondiale, dans le but d’orienter leurs actions vers le même objectif ;
Former un cadre de gouvernance économique au niveau international, générer un ensemble de bonnes pratiques et développer une mondialisation des échanges bénéfique pour tous. ;
Apporter un soutien au développement des pays mal intégrés

Le G20 organise chaque année un sommet des chefs d’État et de gouvernements qui donne lieu à des publications de communiqués élaborés sur la base de travaux préparatoires et des échanges intervenus pendant la rencontre.

Les sommets annuels du G20 sont divisés en deux thématiques principales. La filière Finance d’une part, réunit les ministres des finances, les gouverneurs des banques centrales et leurs adjoints ainsi que des experts autour d’échanges concernant les politiques en matière d’économie mondiale, de croissance, de fiscalité internationale et d’inclusion financière. C’est le cœur du G20, son but premier. La filière Sherpa d’autre part, qui permet aux représentants politiques de chaque pays membre de superviser l’avancée des travaux des experts sur le commerce international, la situation sanitaire globale, la question de l’emploi, de l’énergie, du développement et de la lutte contre la corruption et contre le réchauffement climatique.

LA COP 26 DE GLASGOW

Dans un contexte où la dernière publication du Groupement d’experts Intergouvernemental (GIEC, août 2021) annonce un impact climatique touchant 2.5 milliards de personnes supplémentaires d’ici 2050, 196 États se sont réunis du 31 octobre au 12 novembre 2021 à Glasgow pour une Conférence des Parties extrêmement attendue. Avec plus de 40 000 participants enregistrés et une mobilisation importante de la société civile, tout l’enjeu de ce rassemblement était de renforcer les Accords de Paris (qui établissent une limite du réchauffement climatique à +1.5°C depuis la période préindustrielle) et de prendre de nouvelles mesures, plus ambitieuses, pour respecter les engagements pris en 2015.

Zéro émissions pour le secteur automobile d’ici 2040

C’est la première fois que le sujet émerge des débats. Les ministres des transports d’une trentaine de pays ainsi que les principaux constructeurs automobiles mondiaux ont consacré une journée complète de la COP à travailler sur des engagements communs pour faire en sorte que toutes les voitures neuves vendues d’ici 2040 soient entièrement électriques. Il s’agit d’un engagement ambitieux et nécessaire dans la lutte contre le réchauffement climatique puisque le secteur est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre à lui seul. Parmi les pays signataires, on trouve d’importants producteurs d’automobiles comme le Royaume-Uni, Israël, l’Irlande ou la Suède. Les plus gros constructeurs, tels que la Chine, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne ou le Japon, se sont néanmoins abstenus.

Objectif de neutralité carbone d’ici la fin du siècle

Il s’agit-là d’un objectif majeur porté par l’Union européenne et dont les acteurs de la COP 26 ont longuement débattu. À l’issue des négociations, l’Inde, pays émergent en pleine industrialisation, s’est montré en exemple en annonçant sa neutralité carbone d’ici 2070. La France a également élevé cette mesure au rang de priorité en annonçant la fin des financements de projets d’exploitation d’énergies fossiles à l’étranger sans solution de capture des émissions d’ici fin 2022. La thématique à l’agenda a permis la signature d’un accord de la part d’une vingtaine de pays.

Enrayer la déforestation

Plus d’une centaine de pays, détenteurs de 85% des forêts du monde, se sont engagés à protéger leurs espaces naturels boisés dans un accord prévoyant la fin de la déforestation d’ici 2030. Celui-ci prévoit notamment le financement d’un plan de préservation des écosystèmes ayant pour objectif premier de mettre un terme à l’abattage à grande échelle d’ici 10 ans. Parmi les pays signataires se trouvent  les Etats-Unis, la France, la Chine et l’Australie, principaux pays pratiquant la déforestation, ainsi que 38 autres pays.

La fin du charbon pour 2040

Environ 40 pays devraient abandonner complètement leur utilisation du charbon d’ici 2040, dont quelques-uns des plus gros consommateurs mondiaux, à savoir le Canada, l’Ukraine, le Chili, le Vietnam et la Pologne. Ceux-ci devraient mettre fin au financement de nouvelles centrales sur leur territoire national et se sont engagés à remplacer cette énergie par des énergies vertes. Les principaux utilisateurs de charbon n’ont cependant pas signé l’accord (les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon ou encore l’Australie).

Un Pacte global pour le méthane

Une centaine de pays signataires vont devoir réduire d’au moins 30% leurs émissions de méthane d’ici à 2030, deuxième gaz responsable de l’effet de serre. Parmi eux, le Canada, le Japon, les Etats-Unis, l’Union européenne ou encore le Brésil, représentent environ 40% des émissions mondiales, leur engagement est donc particulièrement salué. En revanche, comme pour le charbon, les principaux émetteurs de méthane se sont abstenus de signer le pacte, à savoir la Chine, la Russie et l’Inde, leurs économies dépendant en grande partie de l’utilisation de cette énergie.

Miser sur les énergies renouvelables

Des États, industriels, organisations internationales, scientifiques et membres de la société civile ont lancé une coalition en faveur des énergies vertes baptisée “Green grids. One sun, one world, one grid »  (Réseau vert : un soleil, une planète, un réseau) dont l’objectif est d’accélérer la transition écologique, vers plus d’énergie électrique et solaire. 16 milliards d’euros d’investissement par an devraient être alloués à ce secteur à partir de l’année prochaine.

Transformer notre agriculture

Lors de cette COP, la surprise venait de la diversité des acteurs signataires d’accords et actifs dans les débats. Sur l’agriculture par exemple, 45 gouvernements et 95 entreprises d’agro-alimentaire se sont engagés à changer leurs pratiques de production agricole dans le but de préserver les espaces naturels cultivables et leurs périphéries. Au cœur des négociations, on a notamment vu émerger la reconnaissance de l’importance de la biodiversité dans la lutte contre le changement climatique et l’impact des mauvaises pratiques agricoles sur les océans et la cryosphère. Un nouveau “Plan de livraison” a donc été mis en place afin d’inciter l’ensemble des acteurs du secteur à revoir leurs méthodes de production à partir de 2023.

Quels résultats pour Glasgow ?

 

Ce qui distingue cette COP des précédentes est le niveau des échanges ainsi que les sujets abordés par l’ensemble des acteurs. Centrés sur des problématiques très concrètes comme l’utilisation des énergies fossiles, le financement de la transition écologique ou encore la transformation des pratiques agricoles, les débats ont permis d’arriver à un compromis général dans lequel tous se sentent concernés.

Néanmoins, la COP 26 de Glasgow aura été un échec face à l’urgence, une déception face aux attentes scientifiques. Premièrement, elle a brillé par l’absence de la Chine, de la Russie et du Brésil, qui a fait planer un biais sur l’ensemble des échanges et des possibles accords avant même que la conférence ne débute. Ensuite, le discours de Jeff Bezos a soulevé l’épineux problème du poids des multinationales dans les négociations et de leur place au sein de la lutte contre le réchauffement climatique. Si le patron d’Amazon s’est engagé à financer une partie du projet de la Grande Muraille Verte, les associations écologistes dénoncent une hypocrisie et une irresponsabilité : le bilan carbone annuel d’une telle entreprise ne pourrait être absorbée par les 510 millions d’arbres financés que sur une période de 10 ans.

Enfin, le bilan de cette vingt-sixième conférence des parties ne laisse que peu de place à l’optimisme : avant la COP, les Nations unies estimaient que, si aucune nouvelle mesure n’était mise en place, nous atteindrions les 2.7°C de réchauffement d’ici la fin du siècle. D’après les estimations du même groupe d’experts après la COP, en prenant en compte les nouvelles mesures adoptées, nous nous dirigeons vers un scénario compris entre +2.2°C et +2.4°C d’ici 2100, soit largement au-dessus des objectifs fixés par les Accords de Paris que les Accords de Glasgow entendaient rehausser.

Comment expliquer cet échec et, de manière générale, l’inefficacité des COP ?

 

Nous en sommes à la 26ème conférence des parties et le respect des mesures décidées fait toujours défaut. Premièrement, même si les résolutions des COP sont des articles juridiques ayant une valeur politique importante, elles souffrent de leur statut “non-obligatoire”. Dès lors, il est impossible d’engager la responsabilité des États signataires sur leur fondement et même si on évalue le respect des mesures prises précédemment à chaque nouvelle conférence, les sanctions en cas de non-respect sont inexistantes. Or, transformer ces résolutions en actes juridiques contraignants obligatoires entraînerait une perte d’engagement et l’absence de consensus autour de nouveaux accords. De plus, en cas de non-respect, quels types de sanctions pourraient être appliquées ? Sur quelle base ? La disparité entre les pays signataires empêche l’homogénéité des mesures répréhensibles. C’est une impasse.

Deuxièmement, malgré tous les espoirs qui pesaient sur la COP 26, il n’existe toujours pas de mécanisme de compensation financière pour les pertes et préjudices subis par les pays les plus pauvres et les plus exposés aux effets du changement climatique. Dans le même temps, l’effort demandé à ces États reste le même que celui demandé aux États les plus fortunés. Cet effort est donc plus coûteux et d’autant plus difficilement réalisable qu’ils manquent de moyens. Là encore, le cercle vicieux continue.

Dans sa dernière publication (août 2021), le Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) concluait que les 2.7° de réchauffement global depuis la période pré-industrielle seraient atteint d’ici la fin du siècle si les accords de Paris n’étaient pas rehaussés lors de la COP 26 de Glasgow : voilà la conclusion actée.

En dépit des ambitions affirmées par les chefs d’États membres du G20, l’objectif des 1.5° de réchauffement, établi en 2015, devrait désormais être atteint dans les prochaines décennies si les dynamiques de production globales restent les mêmes. D’après les experts qui se sont exprimés à la COP 26 de Glasgow, le seul moyen d’éviter ce scénario serait de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre mondiales d’ici …8 ans !

Il n’apparaît donc pas exagéré d’affirmer que le défi est énorme, et que la trajectoire à engager reste encore très éloignée. D’après le GIEC, de tels objectifs auraient été parfaitement réalisables de manière graduelle à partir du début des années 1990… En 2021, la question climatique ne laisse pas d’autres choix que la radicalité.

Aujourd’hui, avancent les experts, c’est une profonde remise en question qui s’impose. Dans les 30 ans à venir, l’objectif est de réinventer et redéployer un modèle économique différent de celui qui a été construit au cours de ces deux derniers siècles, le modèle fossile, en utilisant de nouveaux indicateurs de “bonne santé” économique, pour un modèle plus respectueux de l’environnement.

Dans un documentaire intitulé “Marcher sur l’eau”, tourné dans le nord du Niger entre 2018 et 2020, la réalisatrice Aïssa Maïga nous permet de voir que les premières victimes du changement climatique souffrent d’ores et déjà des conséquences de l’inaction et des impératifs de croissance économique, qui priment sur une transition écologique urgente.

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