Alors que le département des Alpes-Maritimes est placé en alerte rouge pour pluie et inondations le 2 octobre 2020 au matin, les orages associés à la tempête Alex déversent d’immenses quantités de pluie dans l’arrière pays – touchant particulièrement les vallées de la Tinée, de l’Estéron, de la Roya et surtout celle de la Vésubie.
Cet épisode méditerranéen est exceptionnel de par son intensité et les dégâts humains et matériels qu’il a causés certes, mais il devient presque récurrent depuis quelques décennies. En effet, si la côte méditerranéenne est convoitée pour son soleil, il arrive parfois – et de plus en plus souvent – qu’en automne, le temps se dégrade fortement. Tous les ans, dans une plus ou moins grande mesure, des épisodes méditerranéens et cévenols affectent les régions proches de la Méditerranée. On peut d’ailleurs remarquer l’intensité de ces phénomènes puisqu’ils pourraient s’apparenter, au niveau des cumuls de précipitations, à des pluies tropicales.
Ces dernières décennies, on observe que ces phénomènes sont de plus en plus récurrents mais également de plus en plus violents. Par exemple, le 3 octobre 1988, 420 mm de pluie s’abattent sur Nîmes ce qui correspond à 6 mois de précipitation en temps normal et fait 9 morts ainsi que près de 50 000 sinistrés. Le 22 septembre 1992, c’est en amont de Vaison-la-Romaine que sont déversés près de 300mm de pluie, faisant ainsi 38 morts. Quelques jours plus tard, le 26 septembre, ce sont la haute-vallée de l’Aude, Vernet-les-Bains, Narbonne et La Cavalerie qui sont touchés. A la Toussaint 1993, 906mm de pluie sont observés en Corse du Sud. Le 12 novembre 1999, d’importantes inondations sont constatées dans l’Aude, plus particulièrement dans la région des Corbières. Le 8 septembre 2002, la région Languedoc-Roussillon est ravagée, notamment le Gard. Le 15 juin 2010, le département du Var est également traversé par un épisode méditerranéen violent, faisant au minimum 25 morts même si le chiffre reste encore incertain de nos jours. L’automne 2014 s’est distingué par la persistance remarquable de situations fortement perturbées sur les départements méditerranéens des Cévennes et de la Côte d’Azur, conduisant à un nombre record d’épisodes, depuis 1958, entre le 16 septembre et le 30 novembre (9 épisodes au total).Le 3 octobre 2015, l’ouest des Alpes Maritimes est touché : cet épisode démontre que ce n’est pas seulement la hauteur totale des précipitations qui importe, mais aussi les intensités maximales atteintes et la vulnérabilité des territoires concernés.Les 14 et 15 octobre 2018, le département de l’Aude a connu des pluies diluviennes et a été placé en vigilance rouge pluie-inondation. 14 personnes y ont perdu la vie.
Face au constat indéniable que ces épisodes se multiplient, provoquant des dégâts chaque fois plus importants, on identifie deux causes principales à l’aggravation de ces phénomènes. D’abord, d’un point de vue météorologique, le réchauffement climatique apparaît comme l’une des causes directes et explicatives à la violence de ces épisodes méditerranéens. En effet, à cause du réchauffement climatique, la Méditerranée demeure chaude plus longtemps qu’à l’accoutumée. De plus, d’un point de vue géographique, l’urbanisation et les pratiques agricoles participent à l’écoulement des eaux qui ruissellent sur les sols ainsi que la déforestation due à l’action de l’homme ainsi qu’aux incendies de forêt fréquents dans le sud-est de la France.