La réserve de biosphère du Jabal Moussa et Pompiers Sans Frontières

Lac Chouwen, Réserve de Biosphère de Jabal Moussa- Nadim Kesserweni

1.     La Réserve de Biosphère de Jabal Moussa (« Montagne de Moïse » en arabe) en quelques chiffres-clé

–       3 : le nombre de zones qui composent la réserve de biosphère de Jabal Moussa : la zone centrale (écosystème strictement protégé), la zone tampon (éco-activités et recherche), et la zone de transition (développement durable);
–       7 : le nombre de villages qui composent Jabal Moussa, dont les 3 municipalités de Yahchouch, Ghbeleh et Jouret El Termos ;
–       16 : et autant de sentiers à parcourir dans la réserve, de niveau facile à difficile, dont 1 grande boucle de près de 19km !
–       76 – 138 : les années de naissance et mort de l’empereur romain Hadrien, connu comme le premier protecteur de la nature, grâce aux inscriptions qu’il a laissées sur des rochers à Jabal Moussa, interdisant de couper 4 espèces d’arbres, dont le cèdre ;
–       747 : le nombre d’espèces de plantes et animales présentes à Jabal Moussa, dont 26 endémiques du Liban, et 6 endémiques de Jabal Moussa. Parmi les animaux, on peut y voir le rare et fameux daman des rochers, lointain cousin de l’éléphant ;
–       6500 : la superficie de la réserve en hectares ;
–       2007 : la date de création de l’Association pour la Protection de Jabal Moussa, son instance gestionnaire ;
–       2009 : l’année de la reconnaissance de la réserve par l’UNESCO ;
–       29 000 : le nombre annuel de visiteurs de la réserve !

  2.     Le risque feu de forêt & la vulnérabilité des réserves de biosphère aux incendies aggravés par le réchauffement climatique

Zoom sur : Qu’est-ce qu’une réserve de biosphère ?
Les réserves de biosphère sont des zones comprenant des écosystèmes terrestres, marins et côtiers. Chaque réserve favorise des solutions conciliant la conservation de la biodiversité et son utilisation durable.
Elles sont « des sites de soutien pour la science au service de la durabilité » – des lieux spéciaux où tester des approches interdisciplinaires afin de comprendre et de gérer les changements et les interactions entre systèmes sociaux et écologiques, y compris la prévention des conflits et la gestion de la biodiversité.
Il existe 701 réserves de biosphère dans 124 pays, dont 21 sites transfrontières. Elles se répartissent comme suit:
–       79 sites dans 29 pays d’Afrique
–       33 sites dans 12 pays dans la région des États arabes
–       157 sites dans 24 pays d’Asie et du Pacifique
–        302 sites dans 38 pays d’Europe et d’Amérique du Nord
–       130 sites dans 21 pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
Trois zones : une réserve de biosphère !
Les réserves de biosphère sont dotées de trois zones interdépendantes visant à remplir trois fonctions liées, qui sont complémentaires et se renforcent mutuellement :
–       L’aire (les aires) centrale(s) comprend(comprennent) un écosystème strictement protégé qui contribue à la conservation des paysages, des écosystèmes, des espèces et de la variation génétique.
–       La zone tampon entoure ou jouxte les aires centrales et est utilisée pour des activités compatibles avec des pratiques écologiquement viables susceptibles de renforcer la recherche, le suivi, la formation et l’éducation scientifiques.
–       La zone de transition est la partie de la réserve où sont autorisées davantage d’activités, ce qui permet un développement économique et humain socio-culturellement et écologiquement durable[1].
Selon une étude, le changement climatique constitue 25% des menaces qui pèsent sur les réserves de biosphère boisées dans les pays à haut revenu, et les feux de forêt constituent en moyenne 17% des menaces qui pèsent sur les réserves de biosphère boisées dans les pays à haut et moins haut revenu.[2]

[1]http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/ecological-sciences/biosphere-reserves/
[2]Evaluation of Major Threats to Forest Biosphere Reserves: A Global View, Marion Mehring & Susanne Stoll-Kleemann, GAIA – Ecological Perspectives on Science and Society · March 2008

Zoom sur : les services écosystémiques
Les services écosystémiques sont les multiples avantages que la nature apporte à la société. Concrètement, ce sont eux qui rendent la vie humaine possible. Ils sont au nombre de 4.
–       Les services d’approvisionnement : la nature fournit des produits alimentaires, des matières premières, de l’eau douce, des ressources médicinales.
–       Les services de régulation : la nature permet de réguler le climat et la qualité de l’air, les phénomènes climatiques extrêmes, la circulation de l’eau. Elle permet aussi de piéger et stocker le carbone, de traiter les eaux usées, de prévenir l’érosion et de maintenir la fertilité des sols.
–       Les services de soutien : la nature constitue l’habitat des espèces et permet de maintenir la diversité génétique.
–       Les services culturels : la nature contribue à notre santé mentale et physique, et permet le développement du tourisme, de l’art, de la culture, du design, et de certaines spiritualités.

Forêts des réserves de biosphère & changement climatique : infographie

3.     la Réserve de Biosphère de Jabal Moussa et les risques feux de forêts

a.     Ce qu’en dit Joëlle Barakat, responsable de la conservation à Jabal Moussa

–       Pourquoi avoir créé la réserve de biosphère en 2009 ? Et pourquoi ce statut ?
L’APJM a été fondée en 2007. C’est aussi cette année-là que les premières recherches et études scientifiques effectuées à Jabal Moussa ont mis en lumière la richesse de sa biodiversité et la nécessité de la préserver. Or, comme la plupart des terrains à Jabal Moussa sont privés, l’APJM ne pouvait pas mettre en place une réserve naturelle. Ces deux raisons, couplées à l’apparition de projets de création d’une carrière et d’autres infrastructures au cœur de la montagne ; ont poussé l’APJM à présenter, avec l’aide du Comité MAB Liban, un dossier à l’UNESCO. Dossier qui a été accepté en 2009, date de la création effective de la Réserve de Biosphère.
Ses objectifs sont la préservation et le développement, par les locaux et pour les locaux.
Aujourd’hui le site est aussi un site naturel protégé par les Ministères de l’Environnement et de l’Agriculture.

–       Quels sont les enjeux principaux de la conservation de la RBJM ?
Dans la Réserve de Biosphère de Jabal Moussa, la conservation a trois volets.

Tout d’abord, il s’agit de conserver l’habitat, c’est-à-dire la montagne elle-même,  car elle abrite des espèces endémiques, des espèces rares, des espèces en danger (flore surtout), des oiseaux et des mammifères.
Ensuite il s’agit de conserver son aspect archéologique et géologique, car, par exemple, les plus anciennes formations géologiques du Liban se trouvent là-bas.
Finalement, il s’agit de conserver la vie et les traditions des communautés rurales, et notamment celles des groupes les plus vulnérables au sein de ces communautés : femmes, jeunes, sans emploi etc…

–       Quels risques connaît aujourd’hui la RBJM ?
Les risques que connaît la RBJM sont nombreux et divers.
Le Dr George Mitri a montré (voir paragraphe suivant) que le risque de feux de forêts est très prégnant à Jabal Moussa. D’autres risques naturels existant dans la réserve, tels que l’érosion, les glissements de terrain, sont aggravés par les activités humaines. Certaines, parce qu’elles ne sont pas encadrées, la coupe illégale, la présence de carrière, la chasse, le charbonnage et le pâturage sauvages, mettent également en péril la réserve. Les projets d’urbanisation chaotiques et non contrôlés sont autant de menaces qui pèsent sur les sites culturels essaimés dans la montagne. Finalement, l’exode rural et le manque d’opportunités professionnelles constituent des risques sociaux non négligeables.

–       Qu’avez-vous mis ou prévu de mettre en place pour y répondre ?
Pour pallier aux risques sociaux, l’APJM a élaboré et mis en place une stratégie de développement qui passe par l’éco-tourisme (maisons d’hôtes, guides, ventes de produits du territoire) et la création d’une image de marque, dont bénéficient les communautés locales.
Côté urbanisme, l’APJM a peu de marge de manœuvre en tant qu’association, mais elle travaille avec les municipalités pour les sensibiliser aux enjeux de la planification urbaine et les faire réagir quand c’est nécessaire.
L’APJM travaille également, en relation étroite avec les partenaires précieux que sont LRI (Lebanon Reforestation Initiative) et l’Ambassade du Japon, à une meilleure gestion du risque feu de forêt. Cela passe par la sensibilisation des jeunes et des adultes et la mise en place d’infrastructures pour pouvoir mieux lutter contre les feux de forêts, comme à Chouwen où des tuyaux d’eau à haute pression ont été installés. .
Et bien sûr, l’APJM collabore sur ce sujet avec Pompiers Sans Frontières (voir dernier paragraphe).

b.     Ce qu’en dit l’expert

D’après une étude effectuée en 2016 par le Dr George Mitri, Professeur Associé en Sciences Environnementales à l’Université de Balamand & expert en gestion des risques de feu des espaces naturels, sur l’évaluation des risques d’incendie à Jabal Moussa :
–      Le risque incendie modéré concerne environ 37% de la surface de la réserve
–      Le risque incendie élevé concerne environ 46% de la surface de la réserve, dont surtout les espaces boisés de la zone centrale.

Le Dr George Mitri énumère trois tactiques pour réduire le risque incendie dans la RBJM :
1.    Réduire le danger de feu : débroussailler – et enlever les débris issus du débroussaillage, dans les zones qui en ont besoin et implémenter des coupe-feux & des pare-feux, résoudre le problème des déchets au sein de la réserve.
2.    Mettre en place une planification et une gestion des ressources naturelles – incluant la gestion des feux de forêts – par la communauté locale.
3.    Développer un certain niveau de connaissances et de sensibilisation du public sur ce sujet.

Ces trois tactiques sont parfaitement en cohérence avec le projet ce que PSF a commencé à implémenter dans la RBJM en coopération avec l’APJM et prévoit de continuer dans les prochaines années à venir.[1]

[1]Fire risk Assessment of Jabal Moussa (Kesrouan-Jbeil) and its surrounding, 2016, Dr George Mitri

 4.     L’intervention de PSF à Jabal Moussa

a.     Ce qui a été fait
L’Association pour la Protection du Jabal Moussa et PSF ont tissé des liens depuis 2017 et ont réalisé une action conjointe de renforcement des capacités de réponse face au risque d’incendie des espaces naturels dans la réserve en 2019. Concrètement, PSF a formé le personnel de Jabal Moussa à l’utilisation d’un kit incendie lors d’une session qui a été une réussite.

b.     Notre projet conjoint
Il a pour objectif le développement des capacités de résilience face au risque d’incendie des espaces naturels de la Réserve de Biosphère de Jabal Moussa, de ses habitants et visiteurs, dans une perspective de développement et de gestion durables de l’environnement ; et sera mené sur trois ans.

Le projet comprendra les actions suivantes :
1. L’accompagnement de l’APJM dans l’élaboration de dispositifs de prévention, prévision des risques et préservation de l’environnement, dans une perspective de renforcement de ses capacités (élaboration et mise en œuvre des premières mesures d’un PIDAF, Plan Intercommunal de Débroussaillement et d’Aménagement Forestier) ;
2. Le soutien de l’APJM  dans le développement de dispositifs locaux en gestion de crise par la mise en place d’un Plan Intercommunal de Sauvegarde, dans une perspective de renforcement de ses capacités, (élaboration et mise en œuvre du PICS, Plan Intercommunal de Sauvegarde, et du DICRIM, Document d’Information sur les Risques Majeurs, avec un fort axe de préservation de l’environnement) ;
3. La contribution au développement socio-économique de la Réserve de Biosphère de Jabal Moussa, en privilégiant les activités touristiques et agricoles durables,
3. L’accompagnement de l’APJM dans le développement d’une culture de prévention des risques et de préservation de l’environnement, par le biais d’action de sensibilisation et de promotion en préservation de l’environnement à destination de la communauté locale en partenariat avec le réseau associatif et scolaire.

[1]
Fire risk Assessment of Jabal Moussa (Kesrouan-Jbeil) and its surrounding, 2016, Dr George Mitri

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